L’affaire Violette Nozière, dans les années 1930, est un des cas les plus médiatisés d’inceste, parce qu’elle a donné la matière d’un film signé par un monstre sacré du cinéma français : Claude Chabrol. C’est pourtant une affaire où la dénonciation de l’inceste a été écartée par la justice. Anne-Emmanuelle Demartini, historienne, autrice de Violette Nozière, la fleur du mal, Une histoire des années trente a co-dirigé l’ouvrage Dire, entendre et juger l’inceste.
Le 21 août [1933], Violette Nozière, 18 ans, empoisonne ses parents à Paris. Son père décède. La jeune fille parle de comportements incestueux. Retour sur une affaire hors norme.
En dénonçant les viols que son père lui faisait subir depuis ses 12 ans et en le tuant à l’aide de barbituriques, la jeune fille a défrayé la chronique : tout choque dans cette histoire.
… quand, pendant son procès, la jeune femme met des mots sur les motivations de son passage à l’acte – les viols répétés que son père lui impose, c’est encore pire. Le fait de parler d’inceste, qui est un impensé social, un tabou absolu, représente un crime plus grave encore que ce que l’inceste en lui-même.
En revenant sur les affaires Borlet (1891) et Nozière (1933), qui posent différemment, à près d’un demi-siècle d’intervalle, la question du traitement médiatique de l’inceste, cet épisode de Séries Noires à la Une décrypte la manière dont la presse participe de la construction du tabou et de l’indicible.
Dans le cadre de l’exposition actuellement présentée à la BnF (site de l’Arsenal), « Une passion pour la justice, dans la bibliothèque de Robert Badinter », jusqu’au 12 décembre, retour sur le procès retentissant de Violette Nozière, mêlant parricide et accusation d’inceste, qui défraya la chronique des années 30.
Par Anne-Emmanuelle Demartini, Professeure d’histoire contemporaine, Université Sorbonne Paris Nord –
Alors que la parole se libère autour de l’inceste, l’histoire de Violette Nozière permet d’interroger la mécanique du silence qui se met en place dans les familles.
Les révélations de victimes d’inceste font régulièrement la une des journaux. Ce phénomène nouveau témoigne de l’évolution sociétale du regard porté sur un tabou. L’histoire de Violette Nozière, dans les années 30, nous rappelle comment étaient alors considérées les victimes de ces crimes.
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