A partir d’un corpus d’affaires de violences sexuelles jugées au sein de tribunaux correctionnels français au cours de l’année 2010, l’article examine les implications judiciaires liées à la libération de la parole de l’enfant victime. Il montre d’une part que, cette parole dévoilée en justice est complexe et jamais neutre, en particulier dans le cas des violences sexuelles intrafamiliales ; d’autre part, qu’elle peut avoir un impact important en matière de preuve, surtout lorsque les faits sont contestés par le mis en cause.
L’actualité en témoigne. Peu à peu, la parole se libère. Mais quelques 165.000 enfants en seraient victimes chaque année. Comment bannir les violences sexuelles sur mineurs ?
Avec, pour commencer, le documentaire qui va suivre : « Enfance volée : chronique d’un déni », un film bouleversant. Bouleversant par les témoignages que vous allez y entendre ; des femmes et des hommes y parlent des viols ou des agressions sexuelles subis durant leur enfance, ayant, à jamais, traumatisés leurs existences. Et notre société, vous allez le voir, a longtemps, très longtemps, fermé les yeux.
Diffusion le 5 mars 2020 sur LCP
Invités du débat : Alexandra Louis, députée LAREM ; Valérie Boyer, députée LR ; Muriel Salmona, psychiatre ; Mie Kohiyama, auteure de : « Le petit vélo blanc »
Maïté Lonne est auteure, éducatrice, militante et survivante. Maïté est une victime des violences faites aux femmes : viol, humiliation, exploitation, manipulation… Autant d’épreuves qui se sont fracassées sur son parcours de vie et à propos desquelles elle témoigne tout en portant un regard critique sur les services sociaux et en particulier l’Aide à la Jeunesse et le SPJ.
En France, environ deux enfants par classe d’école sont victimes d’inceste ou de pédocriminalité. 81% de l’ensemble des violences sexuelles commencent avant 18 ans. Dans 94% des cas, celles-ci sont commises par des proches. La plupart du temps, ces derniers ne seront jamais inquiétés par la justice.
Les femmes, à qui ce livre donne la parole, sortent de l’adolescence ou sont au seuil de la maternité. D’autres ont acquis la maturité des années. Leurs témoignages sont traversés par une même constante : avoir subi le génocide psychique de l’inceste. Les auteur(e)s ont voulu mesurer avec elles l’impact de cette agression dans la suite de leur vie.
De plus en plus d’enquêtes et de films (documentaires et de fiction) sont réalisé.es sur ces sujets tabous : Simon Rötig (auteur de l’article) en propose ici une liste, après avoir constaté le manque d’études spécifiques et de données statistiques.
En 1986, Eva Thomas est la première victime d’inceste à témoigner à visage découvert, libérant la parole sur ces violences. « Il faut sortir du débat sur le consentement de l’enfant qui n’a pas lieu d’être, qui nous fait marcher sur la tête et sème la confusion », écrit-elle trente ans plus tard.
Première mesure : Mettre fin à la correctionnalisation ou déqualification de certains crimes de viol en délits
Deuxième mesure : Prévoir l’état de sidération psychique comme contrainte morale
Troisième mesure : Fixer une présomption irréfragable de non consentement pour les mineurs de moins de quinze ans et encadrer les relations sexuelles entre les mineurs
Quatrième mesure : Permettre le prélèvement et la conservation de tissus ou cellules embryonnaires ou fœtaux après une interruption volontaire de grossesse dans la perspective d’une procédure pénale ultérieure
Cinquième mesure : Demander un rapport au Gouvernement sur l’accueil et la prise en charge des victimes de viol
Notre site utilise des cookies pour réaliser des statistiques et enregistrer vos préférences. Si vous continuez sur notre site, nous considérons que vous êtes d'accord.Ok