5 ans après le mouvement Me Too qui a réussi à imposer la question des violences sexuelles dans le débat public via la cause féministe, quel bilan tirer pour les victimes de viol dans la société française aujourd’hui ? Les nombreux témoignages de femmes ont-ils été écoutés par le gouvernement ? Comment certaines dispositions du code pénal, telles que la prescription des faits, entravent-elles encore trop tôt les procès ?
18 % des Français pensent qu’il est rare qu’un violeur s’attaque à une personne handicapée. Or ce public est particulièrement exposé aux violences sexuelles, notamment les enfants. Une étude pointe les préjugés sur ce sujet tabou.
Par Johanna Dagorn, Sociologue, Université de Bordeaux –
Résultats d’une enquête inédite auprès de femmes en situation de handicap : plus de la moitié ont vécu ou vivent des situations d’abus physiques, psychologiques ou sexuels.
[…] plus de la moitié des femmes en situation de handicap (tous handicaps confondus) entendues lors des entretiens ont rapporté des crimes incestueux.
« Nous sommes mères d’enfants ayant révélé des maltraitances et l’inceste paternel. Nous avons été choquées de constater que lorsque les mères ont été évoquées dans les médias, c’était pour parler de celles sur lesquelles les enfants ne peuvent pas compter, qui ne voient pas l’inceste, dans le déni, ou le nient et protègent le père »…
Le rapport Sauvé, réalisé avec l’Inserm, dévoile non seulement le nombre de victimes dans l’Église, mais aussi dans la société française. Les chiffres sont glaçants. […] Plus précisément, 3,9 millions de femmes et 1,5 million d’hommes auraient été victimes de tels actes entre 1950 et 2020, principalement dans le cadre familial, selon l’enquête réalisée par l’Inserm qui a été menée auprès de 28.000 personnes représentatives de la société française.
Jugé pour le viol de deux de ses filles, Denis Mannechez était sorti libre de la cour d’assises en 2012 avant de tuer l’aînée en 2014, qui l’avait quitté. Neuf ans plus tard, le déroulement et l’issue du procès semblent incompréhensibles. Et cette tragédie symbolise l’aveuglement sur le sujet.
Combien d’enfants handicapés subissent des violences sexuelles dans le huis clos familial ? Comment les repérer et les aider à les exprimer ? Une association lance une enquête pour documenter ce pan méconnu et ignoré.
Alors que la nouvelle commission sur l’inceste et les violences sexuelles sur mineurs se réunit ce 11 mars, « La Croix » entame la publication d’une grande enquête sur ces drames familiaux. Le témoignage de Delphine qui a trouvé, à 30 ans, le courage de porter plainte contre son beau-père éclaire d’emblée le piège du secret qui emmure les victimes.
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