Tribune par Louis Alvarez, pédopsychiatre & Nathalie Tomasini, avocate –
Les fantasmes et la jouissance, propres de la sexualité adulte, ne font pas partie de la vie infantile. D’où la difficulté des victimes à restituer viols et agressions sexuelles.
Vigilantes quant à la transcription de ces promesses dans le droit, les associations réclament plus de moyens au gouvernement dans la lutte contre l’inceste.
Nouveau revirement du ministre de la justice au sujet des violences sexuelles sur mineurs. Éric Dupond-Moretti a déclaré être favorable à un seuil de non-consentement à 18 ans en cas d’inceste. Il y a un mois, il s’était pourtant opposé à un amendement socialiste en ce sens, lors de l’examen de la proposition de loi visant à protéger les mineurs des crimes sexuels.
Alors que les langues se délient et que les témoignages d’inceste affluent, plusieurs lecteurs nous interrogent : jusqu’à quand peut-on porter plainte ? Que risquent les témoins qui ne dénonceraient pas les faits ? On fait le point.
Le gouvernement s’est dit mardi « favorable » à ce que tout acte de pénétration sexuelle commis par un majeur sur un mineur de moins de 15 ans constitue automatiquement un crime.
Depuis l’affaire Duhamel, des centaines de victimes d’inceste dénoncent les agressions sexuelles et/ou viols qu’elles ont subis. Parmi elles, Marie. Cette habitante du Pays Basque se sent aujourd’hui « apaisée », elle espère aider d’autres victimes.
« L’inceste est un crime de masse. De par ma spécialité, je traite de nombreuses affaires de viol, et l’inceste se distingue très spécifiquement au travers, notamment, du silence qui pèse sur les victimes plus que les autres, et le préjudice qui découle du contexte familial. Ce crime sexuel spécifique justifie une réponse juridique et judiciaire spécifique ».
La loi française ne prévoit pas d’âge de non-consentement sexuel. Plus de 160 personnalités ont appelé à fixer ce seuil à 15 ans dans une tribune qui vient appuyer le souhait du gouvernement pour une protection renforcée des mineurs victimes de violences sexuelles. Tiendra-t-il ses promesses ?
Face à la vague de témoignages de victimes de violences sexuelles, le gouvernement a réagi : la loi sera modifiée afin de mieux punir les crimes sexuels sur mineurs. Mais pour Yves Charpenel, magistrat, il faut aller plus loin et supprimer la prescription. Le droit à l’oubli protège les agresseurs, pas leurs victimes.
La révélation d’un inceste, lorsqu’elle advient enfin, se produit en moyenne pour les mineurs environ quinze ans après les faits. Pourquoi les victimes parlent-elle si tard de l’abus qu’elles ont connu, pourquoi ce mutisme ? Hélène Vecchiali, auteure du Silence des femmes (Albin Michel) revient sur trois raisons peu souvent évoquées.
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