Intervention de Arnaud Leroy, MCU-PH, maître de conférences des universités – praticien hospitalier (MCU-PH), centre régional du psychotraumatisme Hauts-de-France, université de Lille – Lille Neurosciences & Cognitions, U1172 Inserm, centre hospitalier universitaire de Lille – hôpital Michel Fontan, service de psychiatrie adulte. (Durée : 22 min)
En Belgique, on estime qu’entre 2 et 4 enfants par classe de chaque école du pays sont victimes d’inceste. Il s’agit d’un fléau majeur, encore trop sous-estimé. Mais la parole des victimes se libère de plus en plus, notamment depuis le mouvement #MeTooInceste lancé en 2021 sur les réseaux. L’inceste laisse de nombreuses séquelles, alors comment se reconstruire ?
Dans son enfance, Bruno Clavier a subi les agressions de plusieurs membres de sa famille. Dans un entretien sans concession, il explique son parcours de jeune garçon, d’adolescent puis d’adulte, émaillé de souffrances, de cauchemars, de traumatismes. Pour soigner ces traumatismes, il a travaillé sur la mémoire.
Entretien d’1h20 avec Bruno Clavier, psychologue, clinicien et psychanalyste – pour le magazine Nexus
Ce thème sera abordé à la fois sous l’angle juridique, psychologique et neuroscientifique, en posant la question non seulement de la réactivation du trauma en justice, mais également des violences institutionnelles (création par l’appareil judiciaire de nouveaux traumas) pour lesquelles la France a déjà été rappelée à l’ordre.
Par Nicolas Chambon, et Gwen Le Goff – Dossier Pop’Sciences
Enquêter sur la dimension sociale et politique du psychotraumatisme.
Accident, violences, attentats, viols, maltraitances, harcèlement : les liens entre ces évènements et la santé mentale paraissent aujourd’hui évidents. Prévenir l’apparition d’un état de stress post-traumatique est devenu un enjeu de santé publique majeur. Dès lors éviter les situations et les actes traumatogènes se révèlent être un enjeu social et politique d’envergure.
Se pencher sur les enjeux de l’inceste suppose aussi d’envisager le devenir des traumatismes précoces. Dans quelle mesure le statut de victime constitue-t-il un destin ? Y-a-t’il quelque chose de systématiquement commun, voire un marqueur identitaire ? Existe-t-il cependant des voies de bifurcation, de dégagement, de réappropriation subjective et de créativité symptomatique ?
Dans un récent rapport, les inspections générales des affaires sociales et de la justice (Igas-IGJ) dessinent des pistes d’amélioration pour la prise en charge et l’accompagnement des victimes mineurs d’inceste et de violences sexuelles selon trois axes : écoute et orientation, réparation, organisation de la coordination et du suivi.
En France, plus de 5,4 millions de personnes ont été victimes d’inceste pendant leur enfance. Un traumatisme difficile à révéler, parfois nié par l’entourage, peu condamné par la justice, et dont les répercussions sont multiples et durables.
Alors que Sigmund Freud a été un pionnier pour faire un lien entre des situations de « séduction traumatique » dans l’enfance et des configurations cliniques psychopathologiques, il est désormais entendu que la psychanalyse participerait, intrinsèquement, à la culture de l’inceste, à la silenciation des abus et à la domination hétéro-patriarcale… Retour sur un paradoxe.
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