« Le but de la justice n’est absolument pas de réparer les victimes, ni de leur donner une quelconque reconnaissance. Le but de la justice est seulement de recueillir des preuves et de poursuivre ou non, de condamner ou non le mis en cause. La victime n’est qu’un objet au service de la justice, une preuve plus ou moins tangible, plus ou moins crédible parmi d’autres, elle n’a pas sa place en tant qu’humain dans tout ce processus. »
À la naissance de sa fille, Laura voit sa santé mentale vaciller. Un raz-de-marée intérieur la submerge : des souvenirs flous et troublants de son enfance refont surface, jusqu’à l’évidence insoutenable. Elle a été victime d’inceste. Face à une famille qui refuse d’entendre sa vérité, elle prend brutalement conscience d’un monde bâti sur l’omission et le déni. Son identité vacille, sa réalité lui échappe…
« Aujourd’hui, je vais vous parler d’un ouvrage qui s’appelle La Culture de l’inceste : c’est un collectif dirigé par Iris Brey et Juliet Drouar, avec Wendy Delorme, Dorothée Dussy, Sokhna Fall, Ovidie et Tal Piterbraut-Merx, publié en 2022. »
Ayoub nous raconte comment, pendant de nombreuses années, il n’a pas pu poser de mots sur les comportements de sa mère, ne sachant pas ce qui était normal ou pas, de la part d’une mère, justement. Il nous raconte comment, adulte, quand il est retourné vivre chez elle temporairement, le corps a somatisé, ce qui a amené Ayoub à commencer une thérapie. La thérapie lui a permis de progressivement prendre conscience et de mettre enfin des mots sur ce qu’il avait vécu.
Quelles sont les démarches pour porter plainte ? Comment se déroule une enquête ? Quels sont les droits des victimes ? Pour répondre à ces questions, Julie Térel, avocate en droit de la famille nous éclaire sur le cadre légal et les ressources disponibles pour accompagner les victimes.
Isadora Contu, psychocriminologue, spécialisée en violences intra-familiales et violences sexuelles donne des clés aux parents qui, d’une manière ou d’une autre, sont confrontés à ce sujet.
L’inceste est réprimé dans le code pénal helvétique depuis 1942. La condamnation morale est claire et forte au premier abord, mais l’accueil de la parole des victimes est resté précaire face à la figure dominante du père et chef de famille bien souvent coupable du crime. Dans l’ouvrage collectif Dire entendre et juger l’Inceste, Cristina Fereira publie une enquête sur les fauteurs d’inceste en Suisse romande dans les années 1960 et 1970 à partir d’une série de dossiers d’expertises psychiatriques. Cristina Fereira est sociologue et professeure à la Haute Ecole de santé Vaud.
La famille traditionnelle est un élément fondateur de la société humaine, pour l’Eglise catholique en particulier, qui est aussi un témoin privilégié du dysfonctionnement des familles et à ce titre une actrice de l’histoire dans les cas d’inceste qu’on lui révèle. Inès Anrich s’est penchée sur ces affaires au XIXème siècle, où les victimes font appel à l’aide de l’Eglise.
Alors qu’il est souvent passé sous silence dans la vie quotidienne, au XVIIème siècle, l’inceste devient la matière de nombreux récits dans les premiers journaux. Marianne Closson est maitressse de conférence en littérature à l’Université d’Artois. Elle a retrouvé ces feuilles où l’inceste se raconte au présent, avec les premiers pas de la presse à sensation, alors que l’inquisition et les chasses aux sorcières ne sont pas loin.
Après le XXème siècle et l’affaire Violette Nozière, nous vous proposons un voyage dans le temps, pour remonter aux sources du silence sur l’inceste avec l’historien Didier Lett, spécialiste des liens de parenté, des relations entre frères et sœur. Pendant toute sa carrière, il a travaillé sur l’histoire de la famille. Dans l’ouvrage collectif Dire et entendre et juger l’inceste, il écrit sur les procès pour viol incestueux du XIVème au XVème siècle.
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