Faut-il judiciariser toutes les situations d’inceste ?

La résilience ou comment renaître de sa souffrance ?

Nous pouvons percevoir dans notre société, tout comme dans d'autres d'ailleurs, une volonté plus ferme d'adopter une ligne dure dans la lutte contre les crimes et plus particulièrement les crimes sexuels. Un réflexe courant est de vouloir garder les délinquants sexuels en prison le plus longtemps possible, sans faire de distinction selon le degré de dangerosité. Cependant, pont différentes raisons — légales, éthiques ou humanitaires —, cette détention illimitée pour tous ne peut s'effectuer et les hommes retournent dans leur milieu souvent plus mal en point. En effet, l'identification de ces hommes à travers la médiatisation accentue souvent les mécanismes d'exclusion sociale et les éloigne de services d'aide qui pourraient leur permettre dans plusieurs cas de prendre contrôle de leurs problèmes.

Aussi, plusieurs professionnels qui interviennent auprès de cette population ont souvent un rôle important à jouer afin de garantir la sécurité des enfants et aider les familles. Cependant, plusieurs d'entre eux se retrouvent démunis du fait des nombreux enjeux et de moyens limités pour y faire face. De plus, ils peuvent, dans certains cas, mal discriminer les facteurs de risques et prendre des décisions qui non seulement ne créent pas les conditions de changement nécessaire, mais en plus lais-sent des enfants dans des situations à risques élevés. Mais que faut-il faire pour aider ? Par où commencer ? Sur quoi mettre la priorité? Doit-on laisser l'enfant dans sa famille ? Si oui, quels sont les critères sur lesquels se baser ? Et surtout, doit-on dénoncer toutes les situations aux autorités policières ? Bref, autant de questions pertinentes qui occupent le lot des intervenants impliqués auprès de cette population.

Suivi de :

• Echange entre Alain Perron et Piero Forno : La judiciarisation dans les situations d'inceste (p. 137-141)

Inceste, Procédure judiciaire