
« Parce que je l’aime trop, je ne peux pas l’épouser »
Fiche mise à jour le 24 mai 2020
En bref
Description
La peur de l’inceste
Contenu :Chez les Gitans de Morote et de San Juan, deux petits bourgs du sud de l’Espagne, l’identité est essentiellement véhiculée par le sang. De fait, plus les sangs sont semblables, plus les individus sont censés ressentir mutuellement de l’attachement (cariño). L’affection siège en effet dans le sang, substance protéiforme, qui détermine l’identité liminaire de tout individu. Le sang est transmis par les hommes, via la relation sexuelle (le sperme est un sang purifié et nourricier), à leur épouse (dont le corps se modifie progressivement) et à leur progéniture conçue lors de la coagulation des menstrues (constituées majoritairement par le sperme du géniteur de celle-ci) provoquée par le mouvement séminal. Lorsque les sangs des partenaires sexuels sont trop semblables, la dynamique spermatique, trop faible, ne peut provoquer la coagulation fécondatrice. A la répulsion provoquée par l’idée d’un mélange de sangs trop proches supposés véhiculés des sentiments forts, s’ajoute donc l’effroi de la stérilité ou de la fabrication d’un avorton. L’alliance s’oppose alors à l’affection. Pour se marier, il faut s’aimer mais point trop. Le mariage par rapt pratiqué et revendiqué par les Gitans de Morote et de San Juan, qui nie l’amour par définition, représente donc la forme de mariage idéale.
Mots clés SantéPsy :Inceste, Mariage, Amour, Anthropologie, Représentation sociale
Mots clés Prisme : Mots clés libres : Relations :Fait partie de: Cahiers d’anthropologie sociale : La peur de l’inceste