Les violences sexuelles intrafamiliales sur mineurs en Polynésie française : parcours de personnes victimes et traitement institutionnel du problème

Réalisée par la sociologue Lucile Hervouet, cette recherche étudie la vulnérabilité des mineurs au prisme de leur exposition aux violences sexuelles intrafamiliales, à partir d’une enquête auprès de personnes victimes et de professionnels chargés de les accompagner.

Le rapport analyse la façon dont l’inceste se déploie concrètement dans les familles et son imbrication avec d’autres formes de violences intrafamiliales. Par ailleurs, il analyse le traitement institutionnel de cette problématique par les décideurs, les magistrats et les professionnels de première ligne qui sont censés prévenir les violences et les signaler.

L’approche sociologique des trajectoires des personnes victimes permet de saisir les inégalités qui structurent l’occurrence et la répétition des violences sexuelles et ainsi de mettre à distance l’idée selon laquelle les personnes victimes porteraient, intrinsèquement et indépendamment de leurs appartenances sociales, une « nature » vulnérable.

Cette recherche montre également que les mécanismes de silenciation de la violence sont renforcés en Polynésie française, en raison du contexte géographique et institutionnel.

Méthodologie et questionnements éthiques

1. Réception de l’enquête et questions déontologiques soulevées par les répondant·e·s
1.1. Une entrée par les violences intrafamiliales, accueillie avec intérêt
1.2. Des chercheur·e·s interpelé·e·s quant à leur légitimité et sur la finalité du projet

2. L’enquête qualitative auprès des personnes victimes de violence
2.1. Appels à témoignage et motivations des participantes à y répondre
2.2. La conduite des entretiens
2.3. Une attention à l’impact des entretiens pour les personnes interrogées

3. L’enquête quantitative en population générale
3.1. Recueil et analyse des données quantitatives
3.2. Description de l’échantillon quantitatif

4. L’enquête qualitative auprès des acteur·ice·s professionnel·le·s

1 ère Partie - Trajectoires biographiques de personnes victimes et complexité du dispositif incestueux

1. Durant l’enfance, une diversité de configurations
1.1. La prévalence de l’inceste dans l’échantillon quantitatif
1.2. La catégorisation des violences sexuelles
1.3. Le cumul des violences
1.4. Les auteur·e·s des violences
1.5. L’exercice de la violence au sein de l’espace domestique

2. Facteurs de risque et causes perçues par les personnes victimes

3. Victimation durant l’enfance et vulnérabilité à l’âge adulte
3.1. Cumul des violences et répétition de la victimation
3.2. La situation socioprofessionnelle : facteur ou conséquence de la vulnérabilité ?
3.3. Des violences qui précipitent l’entrée dans la vie d’adulte
3.4. Déstabilisation normative et atteinte à l’estime de soi

4. La révélation de l’inceste, un parcours difficile aux conséquences incertaines
4.1. Le dévoilement des violences subies
4.2. Injonction au silence et difficulté à se (faire) reconnaître comme victime d’inceste

5. Conclusion intermédiaire : critique d’une lecture culturaliste de l’inceste

2ème Partie - La construction des violences sexuelles sur mineur·e·s comme un problème public en Polynésie française

1. La mise à l’agenda public
1.1. Un long processus d’intéressement
1.2. Travail de mobilisation et alertes auprès des décideur·euse·s
1.3. Un calendrier politique et législatif métropolitain pourvoyeur de moyens
1.4. Des difficultés de coordination
1.5. L’autonomisation vis-à-vis de causes connexes
1.6. Un débat polarisé par les chiffres

2. L’inceste dans l’espace médiatique
2.1. Un traitement médiatique sous l’angle du fait divers
2.2. Sur les réseaux sociaux : demande de conseil, humour et initiatives institutionnelles
3. Conclusion intermédiaire : la construction à bas bruit d’un problème public

3ème Partie - Les pratiques des acteur·ice·s de terrain face aux violences sexuelles intrafamiliales sur mineur·e·s

1. Une action soumise à des contraintes majorées dans le contexte insulaire et institutionnel polynésien
2. Les dilemmes autour de la révélation des faits et des relations avec les personnes victimes
2.1. Des pratiques variables vis-à-vis de l’émergence de la parole
2.2. Une sensibilité aux effets négatifs de la condition victimaire
2.3. La dénonciation : un acte « antisocial » qui met en difficulté le professionnel
2.4. Fidélité et ajustements vis-à-vis du cadre légal
2.5. Accompagner les personnes victimes dans la construction de leur rôle

3. Prévenir et punir les violences

4. Conclusion intermédiaire : trajectoire professionnelle et ajustement face aux contraintes

4ème Partie - Penser le problème : la diversité des cadres interprétatifs déployés sur le terrain

1. Un travail de hiérarchisation interne de la catégorie des violences sexuelles

2. De la pathologie individuelle à la société malade

3. Cadrage culturel et ambivalence du souci d’adaptation
3.1. La pluralité des acceptions de la culture
3.2. Les dérives du cadrage culturel : référence à des mythes et altérisation
3.3. L’intrication de stéréotypes raciaux et sociaux
3.4. Réfuter l’idée d’un inceste culturel

4. Conclusion intermédiaire : une action sous contrainte, guidée par le registre de la spécificité ultramarine

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