#JauraisFaitCommeElle : maltraitances, accusations d'inceste, enlèvement... L'histoire derrière le hashtag

En février 2022, sur les bords du Lac Léman en Suisse, un simple contrôle routier met fin à la cavale d'une mère. Alors qu'elle est recherchée depuis 2011 pour l'enlèvement de sa fille Camille, âgée de 5 ans, Priscilla Majani est arrêtée par la police helvète. Pendant 11 ans, cette mère a tout fait pour éloigner sa fille d'Alain Chauvet, un père que la fillette accuse de viol et d'agressions sexuelles.

Face aux déclarations de Camille sur les violences sexuelles qu'elle a subies, Alain Chauvet a toujours clamé son innocence, comme on peut l'entendre dans le podcast Enquêtes Criminelles.

C'est au milieu de ces versions contradictoires qu'en novembre 2022 à Aix-en-Provence, s'est ouvert le procès de Priscilla Majani. Malgré les témoignages à l'encontre de ce dernier, Priscilla Majani est condamnée à cinq ans de prison pour "dénonciation mensongère et calomnieuse" et "soustraction d'enfant". Le verdict choque et émeut la toile. Une vague de soutien émerge et le hashtag #JauraisFaitCommeElle naît. 

Il faut que la justice prenne conscience qu'en agissant comme ça, elle protège les pédocriminels

Eva Darlan

L'histoire est relayée en masse par les internautes, jusqu'à toucher des célébrités comme l'actrice Corinne Masiero, le comédien Alex Lutz, ou encore la députée Sandrine Rousseau. "Il faut que la justice prenne conscience qu'en agissant comme ça, elle protège les pédocriminels. N'écoutant pas la voix des enfants, n'écoutant pas la parole des mères, elle condamne les mères protectrices à la place des pères incestueux", déclare à l'époque la comédienne Eva Darlan. Une pétition en ligne réclamant la relaxe de Priscillia Majani est également créée et recueille, en cinq mois, près de 35.000 signatures.  

En janvier 2023, lors du procès en appel, la justice réduit de presque moitié la peine et condamne finalement Priscilla Majani à deux ans et neuf mois de prison. La raison ? L'accusée n'est condamnée que pour l'enlèvement de sa fille, et non plus pour les chefs de "dénonciation mensongère et calomnieuse". Une décision significative : elle traduit l'impossibilité de prouver l'innocence d'Alain Chauvet vis-à-vis des accusations de sa fille.

Lors du procès, Priscilla Majani a bénéficié d'un soutien de taille. Les enfants d'Alain Chauvet, issus d'une première union, ont également accusé leur père de violences. À l'issue des journées d'audience, l'avocate de Priscilla Majani, Me Sophie Benayoun, a fait part de son intention de pourvoir sa cliente en cassation et chercher à obtenir, en attendant, une libération conditionnelle.