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Paris: bientôt une maison d'accueil pour les jeunes victimes d'inceste, des enfants déjà pris en charge

Une résidente dans les couloirs de la maison d'accueil Jean Bru, à Agen, qui s'occupe de jeunes filles victimes de violences sexuelles et d'inceste. (photo d'illustration)

Une résidente dans les couloirs de la maison d'accueil Jean Bru, à Agen, qui s'occupe de jeunes filles victimes de violences sexuelles et d'inceste. (photo d'illustration) - Philippe Lopez - AFP

Ce foyer permettra d'accueillir 25 enfants, accompagnés par des éducateurs, psychologues et professionnels de santé.

Un centre d'accueil pour enfants victimes d'inceste a démarré son activité à Paris, en attendant l'ouverture de locaux transformés en lieu de vie début 2024, indique mardi à l'AFP l'Association Docteurs Bru, qui gère déjà une structure pionnière de ce type à Agen.

Cette maison d'enfants à caractère social (MECS) pourra accueilir à terme 25 enfants de 8 à 21 ans, confiés par un juge des enfants à la ville de Paris sur ses compétences départementales.

Dans l'unité de vie principale de 17 places, garçons et filles - hébergés séparément - disposeront d'une salle à manger, d'un salon. "Et chacun aura sa chambre individuelle et la clé de sa chambre. C'est un premier pas pour la reconstruction de leur intimité", explique Nathalie Mathieu, directrice générale de l'association, à laquelle la mairie de Paris a confié le projet.

Une maison en janvier 2024

Mi-février, l'association a commencé à prendre en charge ses deux premières victimes de violences sexuelles intrafamiliales, deux filles de 10 et 12 ans, dans un appartement du 13e arrondissement. D'ici à la mi-mars, elles seront quatre, tandis que quatre garçons seront hébergés dans un autre appartement dans le 10e arrondissement.

Le véritable déploiement interviendra en janvier 2024, quand une ancienne école maternelle du centre de la capitale deviendra, après travaux, la "maison d'accueil Nicole Bru".

Le Dr Nicole Bru, ex-PDG du groupe pharmaceutique Upsa, avait fondé en 1996 la maison Jean Bru à Agen, jusqu'à présent le seul centre d'accueil du genre en France. Réservé jusqu'ici aux jeunes filles, il ouvre début mars une annexe pour sept garçons âgés de 10 à 14 ans.

Le séjour moyen d'un enfant est de deux ans. Contrairement au centre agenais qui accueille des enfants venus d'ailleurs, l'établissement parisien n'accueillera "que des enfants parisiens", une demande de la ville "qui veut consacrer ses efforts aux enfants qui lui sont confiés", selon Nathalie Mathieu.

160.000 victimes par an

La ville de Paris, qui finance en tant que département les structures de protection de l'enfance (environ 8700 enfants et 400 millions d'euros de budget annuel), avait voté en juin 2021 la création de ce foyer pour un budget de 2 millions d'euros.

Les encadrants (éducateurs, surveillants, assistance sociale, psychomotricienne, infirmière, psychologue et administration), au nombre d'une quinzaine au démarrage, seront une trentaine à terme, précise Nathalie Mathieu, également co-présidente de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise).

Dans un rapport intermédiaire publié en mars 2022, la Ciivise évalue à 160.000 le nombre de mineurs victimes de violences sexuelles chaque année, dont 10% de garçons.

119: le numéro de téléphone à joindre en cas d'inceste ou de violence

Le "119", est le numéro national d'accueil téléphonique pour l'enfance en danger. La personne ou ses proches peuvent contacter ce numéro d'écoute et de prise en charge gratuit, accessible anonymement tous les jours de l'année même la nuit.

M.L. avec AFP