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La Ciivise II : la commission inceste se renouvelle sans le juge Édouard Durand

Le juge Édouard Durand, coprésident, sera remplacé à la tête de la Ciivise par l'ex-rugbyman Sébastien Boueilh, président de l'association Colosse aux pieds d'argile, et Caroline Rey-Salmon, médecin légiste et pédiatre.
Le juge Édouard Durand, coprésident, sera remplacé à la tête de la Ciivise par l'ex-rugbyman Sébastien Boueilh, président de l'association Colosse aux pieds d'argile, et Caroline Rey-Salmon, médecin légiste et pédiatre. JULIEN DE ROSA / AFP

«C'est la fin de la Ciivise», réagit le magistrat qui était à sa tête et s’est imposé comme une figure de la lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants.

Nouvelle feuille de route, nouvelle gouvernance. Le gouvernement a annoncé lundi, en fin de journée, que la Ciivise (Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) allait poursuivre son travail tout en élargissant ses missions. La Ciivise II devra notamment se pencher sur la question des mineurs victimes de prostitution, de pédocriminalité en ligne et les enfants victimes de leurs pairs. Le juge Édouard Durand avait demandé son maintien, avec le soutien de plusieurs associations de protection de l’enfance. Sa doctrine - « on vous croit et vous ne serez plus jamais seules » - avait réussi à rassembler les anciennes victimes et les mères en lutte. Mais le gouvernement a préféré nommer un nouveau binôme à la tête de la commission. L’ancienne coprésidente, Nathalie Mathieu, avait pour sa part déjà annoncé son départ.

Un nouveau tandem à la direction

En 2024, la nouvelle Ciivise sera coprésidée par l'ex-rugbyman Sébastien Boueilh, président de l'association Colosse aux pieds d'argile et Caroline Rey-Salmon, la médecin légiste et pédiatre qui a ouvert les urgences médico-judiciaires pour mineurs de l'Hôtel-Dieu à Paris (AP-HP). La commission renouvelée conservera un service d’écoute. Cette mission pourrait continuer à être gérée par le Collectif Féministe Contre le Viol (CFCV) avec qui des discussions sont en cours. Mais il n’est pas certain que les réunions publiques, qui avaient permis d’incarner l’instance et étaient devenues un rendez-vous emblématique pour les victimes, se poursuivent. Ce sera aux nouveaux coprésidents d’en décider.

Ces derniers ont pour mission de se pencher avant tout sur le sort des enfants d’aujourd’hui. «Notre objectif est de mieux soutenir les mineurs victimes d'aujourd'hui et mieux protéger les enfants de demain, tout en portant un message d'espoir et de résilience», écrit Sebastien Boueilh. Ce dernier, membre de la Ciivise 1, sera en outre «garant de la continuité entre les deux commissions». La constitution du reste de l’équipe est laissée à l’appréciation des deux nouveaux coprésidents. «Ils pourront faire ce choix en toute indépendance et reprendre d’anciens membres s’ils le souhaitent», assure-t-on dans l’entourage de Charlotte Caubel.

«Le gouvernement anéantit trois ans de témoignages»

«C’est la fin de la Ciivise, se désole Édouard Durand. Dans le communiqué du gouvernement, il n’y a pas un seul mot pour les victimes. Pas un mot sur les 30.000 témoignages recueillis par la Ciivise. Cette parole n’a pas été entendue. Le gouvernement anéantit trois ans de témoignages. Cette parole est renvoyée dans le néant». Faut-il y voir une querelle de personnes ? «Non, ce n’est pas la question, rétorque-t-il. Comment voulez-vous prendre réellement au sérieux la parole des enfants victimes si vous tenez pour rien 30.000 témoignages ? Ce recueil de la parole des adultes pour protéger les enfants est au cœur du travail à mener». Et de redouter que la Ciivise 2 se transforme en simple «comité de suivi des préconisations déjà formulées».

L'ambiance était tendue depuis de nombreux mois entre le gouvernement et le médiatique juge des enfants, Édouard Durand. «Nous avons souhaité donner un nouveau souffle à cette commission et c'est pour cela que nous avons renouvelé les équipes», indique-t-on au secrétariat d'État qui a cependant salué son « travail remarquable».

Le gouvernement présente l’instance renouvelée comme «l’héritière de la Ciivise actuelle». La nouvelle équipe sera chargée de la mise en œuvre du plan de formation interministériel préconisé et des 82 préconisations formulées. «Le Gouvernement fait déjà siennes 40 des 82 recommandations de la commission. Vingt-cinq autres ont retenu l'attention du Gouvernement mais nécessitent un complément d'expertise, pour préciser leur impact et leurs modalités de mise en œuvre», précise-t-on chez Charlotte Caubel. Pour ce faire, une mission d'appui rendra ses conclusions d'ici mars 2024.

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12 commentaires
  • Tarasboulba

    le

    Le juge Édouard Durand a eu le grand tort de replacer les victimes au centre du processus contrairement à la doxa enseignée à l’ENM selon laquelle les criminels sont a priori les victimes de la société et contexte. Un exemple, la nouvelle co-présidente de la Ciivise, Caroline Rey-Salmon s’était opposée à une préconisation phare des recommandations de la Ciivise : rendre obligatoire le signalement par les médecins, histoire de continuer de protéger les auteurs d’inceste.

  • douleur de pèr

    le

    Edouard DURAND était un activiste anti-homme et anti-père , avec depuis plus de 10ans des déclarations génériques et sexistes telles que "protéger les mères c'est protéger les enfants" et "la résidence alternée est l'antichambre de l'inceste" . C'était indigne d'une telle mission, au demeurant respectable, et contraire au devoir de neutralité et non-discrimination d'un magistrat.
    Les associations qui le vénèrent sont neo-féministes pour qui les mâles sont tous mauvais.

  • Fustigator

    le

    A la lecture de l'article , on ne comprends pas vraiment la nature des divergences.Un travail journalistique bâclé de plus.

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