La Ciivise se relèvera-t-elle de la crise qu’elle traverse ?

Créée pour rendre justice aux enfants victimes de violences sexuelles, reconduite mais remaniée à sa tête, la Ciivise voit aujourd’hui la moitié de son collège d’experts démissionner. Trois ans de travail pour rien ?

Un rassemblement contre les violences faites aux enfants à l’appel du Collectif Enfantiste, le 18 novembre 2023, devant le Conseil d’État, à Paris.

Un rassemblement contre les violences faites aux enfants à l’appel du Collectif Enfantiste, le 18 novembre 2023, devant le Conseil d’État, à Paris. Photo Laurent Hazgui/Divergence

Par Julia Vergely

Publié le 15 décembre 2023 à 15h26

Lélan, inespéré, porté par la Ciivise depuis trois ans, est-il en train de s’éteindre ? La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants est entrée dans une crise dont on peine à imaginer comment elle pourrait se relever. Le 11 décembre, la secrétaire d’État chargée de l’Enfance, Charlotte Caubel, annonçait la reconduction de la Commission, mais en remplaçant ses coprésidents, la responsable associative Nathalie Mathieu et le juge Édouard Durand. Colère de ce dernier, qui se dit évincé.

Colère, aussi, des associations de victimes. Et démission de près de la moitié du collège d’experts, qui claquent la porte en dénonçant le mépris et les mensonges du ministère. La nomination, apprise par voie de presse, du nouveau tandem à la tête de la Ciivise, la pédiatre et légiste Caroline Rey-Salmon et le responsable associatif Sébastien Boueilh, passe mal. Rien d’étonnant : ils ont tenu des propos allant à l’encontre des préconisations faites par la Commission, notamment en faveur de l’imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineurs.

La voix d’Édouard Durand manque déjà

À quoi bon dessiller les yeux de la société sur l’ampleur de ces violences, l’immensité des besoins pour lutter contre un tel fléau, demander aux victimes de briser le silence, si c’est pour ainsi mettre en péril trois ans de travail ? L’enjeu est tel qu’il se doit d’être porté par une voix forte et claire, et celle d’Édouard Durand était à la hauteur. Si l’on peut comprendre les critiques formulées sur sa façon un peu messianique d’incarner ce combat, sans doute paye-t-il surtout sa constante dénonciation d’un système judiciaire et politique incapable de s’en emparer. Les victimes méritent le respect. Elles expriment, déjà, leur perte de confiance. Un immense sentiment de gâchis.

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