Rapport de la Ciivise : « Comment a-t-on pu passer à côté de ces enfants martyrs ? »

Après trois ans de travail et des milliers de témoignages, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) rend son rapport, évoquant une « descente dans les profondeurs les plus sombres de l’humanité ». Entretien avec Nathalie Mathieu, sa présidente.

Par Félicité de Maupeou

Publié le 22/11/2023 à 13h46, mis à jour le 22/11/2023 à 15h25 • Lecture 8 min.

Article réservé aux abonnés

Je m'abonne à partir de 1€ | sans engagement

Nathalie Mathieu, coprésidente de la Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants), dans les locaux du ministère de la Santé, qui heberge la commission, à Paris, le 20 novembre 2023. • JULIEN FAURE POUR LA VIE

Nathalie Mathieu est coprésidente de la Ciivise, travailleuse sociale dans la protection de l’enfance, directrice de l’association Docteurs Bru, qui accueille des jeunes victimes d’inceste. Pour La Vie, elle commente le rapport final de la commission qui vient de paraître (Violences sexuelles faites aux enfants : on vous croit), mais fait aussi part de son sentiment de révolte face à l’ampleur du phénomène et à l’aveuglement collectif qui l’a autorisé.

Près de 160 000 enfants seraient violés ou agressés sexuellement chaque année en France, 80 % dans leur foyer. On a du mal à croire à un phénomène aussi massif.

Connus depuis un certain temps, ces chiffres proviennent de l’enquête Virage de l’Ined de 2015, puis de l’enquête de l’Inserm pour la Ciase de 2021. À partir de ces données, nous avons établi ce chiffre de deux ou trois enfants victimes par classe. C’est énorme. Nous savons depuis longtemps que la famille est le lieu de tous les dangers pour un enfant. Pourtant, l’imaginaire collectif pense toujours qu’il est agressé par un inconnu dans la rue. Nous restons dans le déni, car no

Offre 100% Numérique