Parents s'engage pour lutter contre l'inceste

Inceste : définition, législation... qu’est-ce que c’est ?

Publié par Estelle Hersaint  |  Mis à jour le

En France, 1 enfant est agressé sexuellement toutes les 3 minutes. Dans la majorité des cas, ces violences sexuelles se déroulent en famille. Des crimes souvent passés sous silence, car l’inceste, c’est tabou.

Tabou universel et interdit suprême, l’inceste désigne un acte à caractère sexuel entre les membres d’une même famille. Étymologiquement parlant, le terme vient du latin incestum, « sacrilège », et d'incestus, « impur, souillé ».

L’inceste concerne et implique toute la famille. Il peut concerner les membres de la famille de sang : père, mère, grands-parents, oncle, tante, frère, sœur, cousin, cousine, etc. Ou la famille élargie ou adoptive, impliquant une ascendance et un lien de confiance, d’autorité comme un beau-père ou un tuteur, un oncle par alliance. Fille ou garçon, l’inceste concerne tous les enfants, de tous les milieux sociaux et peut débuter dès la naissance, jusqu’à l’âge adulte.

L'inceste, une violence qui peut prendre plusieurs formes

L’inceste n’implique pas forcément une pénétration. Il peut s’agir « d’un comportement verbal, physique, psychologique de nature à trahir la confiance et l’innocence de l’enfant : baisers, attouchements, exhibitionnisme, insinuations sexuelles, usage de matériel pornographique, simulation de rapports sexuels etc., et plus généralement de toute conduite dont le caractère intrusif est ressenti à plus ou moins long terme par la victime comme une violente atteinte à ses limites et à son intégrité personnelle », comme le définit le livret de l’association Le monde à travers un regard.

L’inceste peut ainsi être :

  • Un viol : soit tout acte de pénétration imposé par voie orale, anale ou vaginale avec une partie du corps de l’agresseur ou l’utilisation d’un objet.
  • Une agression sexuelle : on oblige l’enfant à un contact physique, un attouchement (frottements, cunnilingus, masturbation…). L’enfant peut aussi être forcé à toucher, masturber son agresseur ou à l’embrasser.
  • Une exhibition sexuelle (ou « inceste moral ») : c’est par exemple faire l’amour devant son enfant, regarder des films pornographiques avec son enfant, le photographier nu ou dans des situations considérées comme érotiques.
  •  Le « nursing pathologique » : sous prétexte de doucher ou baigner son enfant, l’agresseur nettoie la vulve avec beaucoup d’insistance, décalotte de nombreuses fois un pénis, fait des lavements, prends la température rectale alors que son enfant n’est pas malade etc.

L'inceste, une trahison familiale

Véritable abus de pouvoir, l’inceste transforme un enfant en objet sexuel, l’objet d’un agresseur en qui il a supposément confiance. L’inceste est « un meurtre sans cadavre, un meurtre psychique », selon l’association Face à l’inceste, car il crée une confusion dans la tête de l’enfant entre amour et sexualité, entre confiance et trahison.

La petite victime est totalement sous emprise, dépendante le plus souvent émotionnellement et matériellement de son agresseur. D’autant que ce dernier use de menace ou du sentiment de culpabilité pour obtenir son silence avec des phrases comme : « Si je fais ça c’est parce que je t’aime », « ne dis rien à ta mère, sinon je la tue », « personne ne te croira si tu parles », etc. En ce sens, l’inceste a plusieurs visages : tantôt brutal, tantôt séducteur.

L’inceste est tellement traumatisant que de nombreuses victimes se retrouvent comme sidérées. Certaines sont en état de dissociation traumatique, un mécanisme de défense où la conscience est altérée afin de pouvoir faire face à l’insurmontable. On se sent alors comme détaché de soi-même, avec l’impression de ne plus être vraiment là, de s’observer de l’extérieur. On oublie, quelques heures, quelques jours, voire plus longtemps. Toutefois, les évènements traumatiques peuvent revenir à tout moment.

Beaucoup en veulent aussi à leur corps, d’être aussi petit, aussi faible et fragile. Beaucoup ont honte et culpabilisent, beaucoup ont peur face aux menaces de leurs agresseurs ou des réactions négatives de leurs parents. En effet, « neuf fois sur dix, la famille incestueuse exclue la victime qui révèle les faits, au profit de la cohésion familiale », explique l’association Face à l’inceste. Beaucoup gardent donc le silence mais ont des comportements qui ne trompent pas : automutilations, dessins sexuellement explicites, paroles obscènes, cauchemars, etc.

L’inceste dans la loi

Si auparavant l’inceste désignait la sexualité interdite et criminelle au sein d’un couple, tout change à partir de la Révolution. Progressivement, l’inceste se redéfinit voire est supprimé du Code pénal pour être requalifié en viol ou agression sexuelle.

Mais depuis le 15 mars 2016, le mot « inceste » a été réintroduit dans le Code pénal après près de 200 ans d’absence. Désormais, dans cette loi n°2016-297, « les viols et agressions sexuelles sont qualifiés d'incestueux lorsqu'ils sont commis sur la personne d'un mineur par : un ascendant (1), un frère, une sœur, un oncle, une tante, un neveu ou une nièce (2), le conjoint, le concubin d'une des personnes mentionnées aux 1° et 2° ou le partenaire lié par un pacte civil de solidarité avec l'une des personnes mentionnées aux mêmes 1° et 2°, s'il a sur le mineur une autorité de droit ou de fait. »

A noter : les cousins ne sont pas concernés car il n’est pas interdit de se marier entre cousins. En cas de viol ou d’agression sexuelle, il sera ainsi toujours nécessaire de rechercher l’absence de consentement de l’enfant victime et ce, peu importe son âge.

Le viol constitue un crime qui peut être puni de 20 ans de prison s’il est commis sur un mineur de moins de 15 ans, voire de la perpétuité s’il est précédé, accompagné ou suivi de tortures. L’agression sexuelle quant à elle peut être punie de 7 ans de prison de de 100 000 € d’amende lorsqu’elle est commise sur un mineur de moins de 15 ans. D’autres chefs d’accusations peuvent aussi, selon les circonstances, être retenues comme « atteinte sexuelle sur un mineur de moins de 15 ans », « exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui », « corruption de mineur » ou encore « propositions sexuelles à un mineurs de moins de 15 ans sur Internet ».

Dans une même logique, selon l’article 434-3 du Code pénal, si un membre de la famille ou de l’entourage est au courant des agressions et violences subies par l’enfant, elle doit le signaler aux autorités. Sans quoi, il risque une peine de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende, voire cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende si le mineur à moins de 15 ans.

Face au nombre alarmant d’enfants victimes, avec « un enfant décédant tous les 5 jours au sein de sa famille et une agression sexuelle sur un enfant toutes les 3 minutes », selon Charlotte Caubel, secrétaire d’État auprès de la Première ministre, chargée de l'Enfance au micro de France Bleu, le Gouvernement a  lancé en septembre 2023, un nouveau plan contre les violences faites aux enfants pour 2023-2027. Il prévoit :

  • La formation et l’accompagnement des professionnels de santé et de l’éducation
  • Une meilleure prise en charge des enfants protégés, en situation de handicap ou résident en territoire ultramarins
  • L’accompagnement renforcé des mineurs victimes
  • La simplification des procédures pour les mineurs
  • Une prise en charge pluridisciplinaires des agresseurs

En attendant, si vous soupçonnez ou constatez qu’un enfant est en danger, il faut composer le 119 ou d'entrer en relation via un tchat en ligne : allo119.gouv.fr.

Oui
il y a 2 mois
Les écrans sont une addiction comme les autres. En abuser c'est consentir à droguer son enfant en le rendant dépendant de la communication virtuelle, ...
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Non
il y a 8 jours
Oui et non. 1. ​Oui ​pour la télévision , 2. ​non pour l'internet. 1. ​Nous avons renoncé à la télévision depuis 2010 ! ​2. ​Pour ​int...
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