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En bravant une décision de justice, cette maman s’est placée hors la loi pour protéger sa fille de 4 ans victime présumée d'inceste.


Par Rédigé le 27/09/2023 (dernière modification le 28/09/2023)

160 000 victimes d’inceste chaque année (Ciivise), 4218 personnes accusées de violences sexuelles incestueuses sur mineurs, 73% des plaintes pour abus sexuel (Ciivise) classées sans suite. Seules 8% des victimes ont été crues et protégées lorsqu'elles ont révélé les faits, révèle un rapport de la Ciivise. La parole des enfants est rarement reconnue par les autorités compétentes. C'est le cas de la petite Louise, 4 ans. Sa mère Pauline Bourgoin se rendra ce vendredi à la cour d'appel d'Orleans pour sauver sa fille.


Seules 8% des victimes de violences sexuelles  sur mineurs ont été crues et protégées lorsqu'elles ont révélé les faits. (Ciivise)
Seules 8% des victimes de violences sexuelles sur mineurs ont été crues et protégées lorsqu'elles ont révélé les faits. (Ciivise)
Podcast Journal - Pour protéger votre fille de son père présumé incestueux, vous avez pris des risques, y compris celui de ne pas respecter une décision de justice.
Pauline Bourgoin - Je considère que le devoir de protéger ma file Louise de tout danger fait partie de mon autorité parentale. Actuellement et depuis le 30 juin, j’enfreins le jugement qui m’oblige à la remettre à son père un week end sur deux et les vacances scolaires. En ne respectant pas cette décision de justice, je suis hors la loi. J’assume cette décision même si j’encours un an de prison pour protéger ma fille.

N’y avait-il pas d’autres solutions pour assurer sa protection ?
J'ai demandé de l'aide aux services sociaux de la région orléanaise où je résidais à l’époque. Ils n’ont hélas pas cru en la parole, ni aux symptômes et traumas de ma fille consécutifs aux abus sexuels incestueux. Ils étaient pourtant attestés par la crèche qui a donné l’alerte. J’ai donc pris le rôle de l'institution en réalisant moi-même toutes les démarches pour sa protection, et celle d’interrompre les visites chez son père.

Quand aura lieu la prochaine audience ?
Elle se déroulera vendredi matin à la cour d'appel d'Orléans. Elle déterminera l'avenir de ma fille. Cette fois-ci, je compte sur la justice pour entendre notre appel à l'aide et la protéger de son père.

Une campagne choc et des mesures pour lutter contre les violences sexuelles sur mineurs et l’inceste ont été lancées par le gouvernement, qu’en pensez-vous ?
Lorsque leurs clips de campagne recommandent d’appeler le 119 au moindre doute, je ne peux que remettre en question les aptitudes professionnelles des travailleurs sociaux qui prennent le relai derrière. Parce que moi, en plein doute, j'ai appelé le 119 et j’ai été abusivement désenfantée.


Que voulez-vous dire ?
Après un échange bienveillant avec l’opératrice du 119, j’ai été orientée vers deux personnes de la Protection Maternelle et Infantile pour une évaluation. J’ai été d’emblée suspectée de vouloir nuire à ma fille. Elles ont établi un rapport en inversant toutes les culpabilités, en niant le vécu de ma fille, en cherchant à prouver un conflit parental, que j’étais folle, manipulatrice…

Les professionnels de la protection infantile seront bientôt plus encadrés et formés.
Il est urgent de débloquer, de voter des budgets conséquents pour former toute la chaîne socio-judiciaire, travailleurs sociaux, psychologues, magistrats, tout le monde, aux particularités de l’inceste. A l’heure actuelle certains d’entre eux m’ont déclaré n’avoir jamais reçu de formation sur les violences sexuelles. Ils reconnaissent être mandatés pour vérifier seul le cadre éducatif. Si cette annonce est suivie d'effet, elle sera salvatrice pour bon nombre d’enfants.

Vous vous êtes récemment prononcée sur l’influence des experts judiciaires
Absolument, leurs expertises sont rarement remises en question. C’est le cas du très médiatique docteur Roland Coutanceau. Il n’invalide pas la suspicion d’inceste et n' apporte aucun étayage scientifique mais préconise que le père récupère ses droits sans jamais avoir vu ma fille, ni lu le dossier. A cause de lui, ma fille est en danger.

Avez-vous vu le documentaire « Un silence si bruyant » co-réalisé par l’actrice Emmanuel Béart et Anastasia Mikova ?
Oui, il a été diffusé lundi soir sur M6, il m’a bouleversée. Je regagne confiance avec la prise de conscience collective sur l’inceste qui est en train de s’opérer notamment grâce à son documentaire. Il suscite de productives réactions. J’espère qu’il contribuera comme d’autres à sortir la société du déni des violences sexuelles sur les enfants et particulièrement l’inceste, encore faut-il qu’il soit diffusé dans les établissements de formation des professionnels, ce que j’espère.

Vous êtes soutenue par des associations, de nombreux parlementaires, ex-ministres. Si la secrétaire d’Etat à l’Enfance vous lit, que lui suggériez-vous ?
Les propos des parents sont parfois détournés dans les rapports d’expertise. Et la parole de l’expert est considérée comme la vérité. C’est pourquoi, je soutiens les propositions de l’association CDP Enfance (Comprendre Défendre Protéger). Parmi lesquelles, l’enregistrement des entretiens est demandé. Il faudrait pouvoir rendre des comptes, dès lors que l’expertise est considérée comme abusive ou mensongère. Car à ce stade de contestation, c’est parole contre parole, et la parole du justiciable ne vaut rien.

Un projet législatif annoncé par le ministre de la Justice Eric Dupond Moretti, pourrait concerner votre ex conjoint, le retrait de l’autorité parentale ?
C’est une bonne chose. Il permettrait le retrait de l’autorité parentale en cas de condamnation d’un parent pour violences sexuelles incestueuses sur son enfant. Mais savez-vous, que les condamnations pour inceste représentent moins de 1 %. Sont donc protégés, les enfants qui ont été crus. Ceux qui n’ont pas été reconnus ne disposent d’aucun soutien, ni protection. Ils sont livrés à leur bourreau.


Que préconisez-vous ?
Dès lors qu’il y a une plainte de violences sexuelles, un faisceau d’indice concordant, il devrait y avoir une présomption de crédibilité de l’enfant et sa protection immédiate.

Les parents qui luttent pour défendre et protéger leurs enfants n’ont pas votre niveau de connaissances en droit des enfants ni cette détermination. Envisagez-vous de vous professionnaliser dans le domaine de la protection infantile ?
Dans ce domaine, j’agis dans l’entraide et le soutien bénévolement dans plusieurs associations. Oui, je me renseigne beaucoup, je réalise des veilles pour agir en faveur de la cause générale. J'ai cette ambition de me spécialiser en droit et la protection infantile tout en travaillant pour subvenir aux besoins de ma fille Louise. J’espère aller au bout de ce projet puisque je suis aussi tributaire du sort que nous réserve la justice.


La plateforme téléphonique d'écoute pour les victimes d'inceste
- 0 805 802 804 France Hexagonale
- 0 800 100 811 France de l’Outre-mer

NK




Nathalie Khâ
Journaliste - Chroniqueuse Formée à l'ESJ Paris - INA - EMI - Formation Club France... En savoir plus sur cet auteur



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