« L’inceste est inscrit dans notre culture sociale »
Dans « La Culture de l’inceste » publié au Seuil, les auteurs et autrices évoquent l’inceste comme un fait culturel à part entière de nos sociétés.
Votre recherche :
>> Recherche avancéeDans « La Culture de l’inceste » publié au Seuil, les auteurs et autrices évoquent l’inceste comme un fait culturel à part entière de nos sociétés.
Y’a-t-il une culture de l’inceste, tout comme il y a une culture du viol ? Oui, selon Juliet Drouar et Iris Brey, qui ont dirigé un ouvrage collectif sur le sujet. Une réflexion critique, sensible, importante, qui fustige l’impunité et politise les violences.
L’incestuel n’est pas l’inceste, mais en fait le terreau. Invisible au sein de familles et dans le social, l’incestuel diffuse un climat banal d’indifférenciation des places et des générations, de confusion des espaces physiques et psychiques. Cet emmêlement délétère empêche l’intimité et la singularité individuelle. Impossible pour l’enfant ou l’adolescent d’y trouver un espace à lui pour se construire…
L’inceste « structure notre société ». Il touche des millions de personnes, mais trop souvent, nous refusons d’en parler. Longtemps considéré comme un tabou, c’est au contraire un fait social majeur, selon Iris Brey, Juliet Drouar et Dorothée Dussy qui publient La Culture de l’inceste (Seuil). C’est l’entretien du jour, en accès libre.
En France, une personne sur dix déclare avoir été victime d’inceste. Un constat glaçant qui a poussé des universitaires et militantes à écrire sur le sujet. « La culture de l’inceste » , essai collectif dirigé par Iris Brey et Juliet Drouar, parait cette semaine au Seuil. Ils sont nos invités.
Interview de Julie-Christine Duboc, psychologue, réalisé par Coline Lefèvre, réalisatrice du documentaire Bouche cousue : le silence des victimes de viols et d’agressions sexuelles.
youtube.com
Cet ouvrage entend renouveler le regard sur l’inceste : L’inceste est un crime contre la famille et l’humanisation autant qu’un crime sexuel. À partir de nombreux exemples cliniques recueillis en quarante ans de pratique, l’auteur décrit les différentes configurations familiales menant à l’inceste et son effet de déshumanisation.
À l’heure où les faits de violences sexuelles se révèlent publiquement, ce livre tente de penser le silence de l’inceste dans ses enjeux affectifs et relationnels et d’approcher les mécanismes complexes en jeu. Parler, à titre individuel, relève d’un défi tant pour l’enfant que pour l’adulte en devenir, et d’autres détours sont souvent empruntés pour exprimer le non-dit…
Maurice Godelier, anthropologue, directeur d’études à l’EHESS et médaillé d’or du CNRS, présente son dernier ouvrage L’interdit de l’inceste à travers les sociétés, l’analyse d’un anthropologue sous le feu des récentes controverses.
Christine Angot, écrivain, auteure du roman « Le Voyage dans l’Est » (Flammarion), est l’invitée de 7h50.