A quand la reconnaissance pleine et entière des victimes d’inceste, pour enfin se reconstruire ?
6% des Français et 9% des femmes ont subi un inceste, soit 4 millions de personnes.
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Par Jean-Luc Viaux –
Depuis le printemps, l’inceste est officiellement interdit en France. Le mot a fait son entrée dans le Code pénal avec la loi du 14 mars 2016 sur la protection de l’enfance. Cette disposition a été saluée comme une avancée, au minimum symbolique. Mais il pourrait bien s’agir, dans la réalité, d’un recul. Car en cherchant à protéger les enfants, le législateur a, par ricochet et sans le vouloir, légitimé l’inceste commis sur des personnes majeures.
À l’occasion de la Journée Internationale des droits de l’enfant, découvrez une lettre de l’artiste Niki de Saint Phalle à sa fille Laura, dans laquelle la plasticienne féministe évoque de manière poignante le viol incestueux dont elle a été victime, à l’âge de onze ans, et les souffrances qui en ont découlé
Le 18 novembre est la Journée européenne pour la protection des enfants contre les abus sexuels. Quand il s’agit d’un inceste, l’enfant est longtemps enfermé dans son lourd secret. Nathalie C., 36 ans, a été violée par son père alors qu’elle avait douze ans. Elle a mis quinze ans avant d’oser commencer à en parler.
Sidération, indifférence apparente, difficultés d’apprentissage, conduites à risque et addictives, violences à nouveau subies ou agies… Le Dr Muriel Salmona explique les conséquences psychotraumatiques des violences sexuelles sur les enfants et les mécanismes de réparation possibles, même des années plus tard.
Il y a un mois, le gouverneur de Californie a ratifié une loi supprimant la prescription pour les crimes sexuels. À quand la même décision en France ? Muriel Salmona, présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie, a lancé une pétition et un manifeste avec une vingtaine d’associations et ONG.
Au cœur de l’inceste, il y a le viol qui confronte l’enfant à l’impensable de la confusion du père et de la famille. La violence de l’acte a fait perdre à la victime les repères qui faisaient son quotidien. Elle se retrouve assaillie de doutes et de peurs qui ne l’autorisent plus à se penser comme membre à part entière de sa parenté. […]
L’association des Docteurs Bru a proposé de réfléchir sur cette thématique lors d’un colloque le 29-30 septembre dernier. L’objectif de ces trois demi-journées était d’ouvrir des pistes de réflexion dans un cadre pluridisciplinaire sur ce thème peu approfondi.
Victime d’inceste de la part de mon grand-père de 3 à 6 ans, j’ai longtemps oublié ces épisodes de ma vie. Il y avait des périodes où j’allais très mal. Je traversais des dépressions, j’étais angoissée -notamment à l’idée d’être touchée- je faisais des terreurs nocturnes, mais je ne me rappelais pas ces viols. Ce n’est qu’à l’âge de 18 ans que les premiers souvenirs sont apparus.
Selon les statistiques judiciaires en France, c’est dans le cadre de la famille que se réalise la majorité des infractions à caractère sexuel. Structure centrale dans les sociétés actuelles, la famille peut constituer un élément de cohésion sociale et de protection. Mais derrière cette image stéréotypée de « la famille », se retrouvent une institution en constante évolution et un ensemble de réalités hétérogènes.