Les soixante-huitards sont-ils complaisants avec la pédophilie ? C’est la question au cœur des Idées Claires, programme hebdomadaire produit par France Culture et franceinfo destiné à lutter contre les désordres de l’information, des fake news aux idées reçues.
Anne-Claude Ambroise-Rendu, historienne, autrice de L’histoire de la pédophilie (éditions Fayard, 2014) est l’invitée de Nicolas Martin.
Au Moyen Âge, l’inceste aussi est moralement réprimé, mais il s’inscrit dans des schémas de pensée différents, avant tout façonnés par l’influence culturelle de l’Église qui préfère souvent taire cette pratique plutôt que de la condamner et d’en trouver les véritables coupables.
À partir des années 1970, les affaires d’inceste trouvent de plus en plus d’écho médiatique, révélant la souffrance des victimes. Paradoxalement, chaque nouvelle affaire semble provoquer la stupeur.
Dépasser la prohibition de l’inceste ?
Créer les conditions pour évoquer les affaires d’abus
Prise en étaux entre des enjeux familiaux et sociétaux, la parole des victimes peut-elle être entendue ? Notre politique pénale est-elle adaptée aux situations qu’elles rencontrent ?
Les invités des Matins sont Fabienne Giuliani, historienne, spécialiste de l’inceste rattachée à l’agence nationale de recherche Dervi, ainsi que Rodolphe Costantino, avocat au Barreau de Paris, spécialiste des maltraitances sur enfants.
Alors que la juriste Camille Kouchner sort un livre accusant son beau-père, le politologue Oliver Duhamel, l’historienne Anne-Claude Ambroise-Rendu explique que les abus contre les enfants s’inscrivent dans l’autorité paternelle qui structure les familles.
Les révélations de victimes d’inceste font régulièrement la une des journaux. Ce phénomène nouveau témoigne de l’évolution sociétale du regard porté sur un tabou. L’histoire de Violette Nozière, dans les années 30, nous rappelle comment étaient alors considérées les victimes de ces crimes.
L’actualité en témoigne. Peu à peu, la parole se libère. Mais quelques 165.000 enfants en seraient victimes chaque année. Comment bannir les violences sexuelles sur mineurs ?
Avec, pour commencer, le documentaire qui va suivre : « Enfance volée : chronique d’un déni », un film bouleversant. Bouleversant par les témoignages que vous allez y entendre ; des femmes et des hommes y parlent des viols ou des agressions sexuelles subis durant leur enfance, ayant, à jamais, traumatisés leurs existences. Et notre société, vous allez le voir, a longtemps, très longtemps, fermé les yeux.
Diffusion le 5 mars 2020 sur LCP
Invités du débat : Alexandra Louis, députée LAREM ; Valérie Boyer, députée LR ; Muriel Salmona, psychiatre ; Mie Kohiyama, auteure de : « Le petit vélo blanc »
Avec l’affaire Matzneff ont ressurgi des propos de Françoise Dolto sur la pédophile et la violence conjugale. Des propos qui, hors de leur contexte, et même s’ils méritent la critique, alimentent, selon l’historienne, une « légende noire » autour de la psychanalyste et de la psychanalyse. Elle pointe aussi la responsabilité des représentants de la discipline, isolés dans leur forteresse, se posant en victimes d’un complot.
Pour les associations d’aide aux victimes d’agression sexuelle sur mineur, le combat se joue aussi sur le terrain lexical. Elles ont ainsi décidé de proscrire le mot « pédophilie », qui induit la notion d’amour.
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