Les maltraitances sexuelles sur un mineur au sein même de la famille sont combattues et condamnées par l’ONU depuis près de 25 ans avec l’adoption de la Convention internationale des droits de l’enfant. Pourtant, l’inceste reste un « fléau de santé publique de l’ombre » selon Cédric Grouchka (membre du collège de la Haute Autorité de Santé) qui s’exprimait ce mercredi 19 novembre lors d’un colloque à Paris. L’inceste est en effet difficile à repérer, mais également à faire reconnaître.
Reportage de Florence Sturm à Agen, à la maison d’accueil Jean Bru, le seul établissement en France à accueillir exclusivement des jeunes filles victimes d’inceste.
L’inceste est une relation sexuelle entre proches parents dont le mariage est interdit. Dans la famille incestueuse, confusion et répétition surgissent d’une génération à l’autre. La demande de tendresse de l’enfant, peu entouré par sa mère, est interprétée ou entendue par le père comme une demande ou autorisation passionnelle, et il y répond par des gestes sexuels. L’interdiction de l’inceste, à l’origine de toutes les traditions, lois, et systèmes de parenté, en différenciant les générations, assure la pérennité de notre société. Mais la justice n’est pas au point.
Que nous le voulions ou non nous sommes tous complices du silence qui entoure les cas d’inceste. Voilà, ce que dit Dorothée Dussy, anthropologue, qui a entrepris une longue étude sur l’inceste et ses conséquences que se soit pour les enfants abusés ou pour leurs abuseurs qu’elle est allée rencontrer en prison notamment dans plusieurs centres pénitentiaires de la région Ouest. Elle a publié un premier ouvrage voilà un an. Elle espère que son travail aura un rôle de révélateur et attend des pouvoirs publics des campagnes d’information de grande ampleur sur ce thème. Pour elle, il n’existe qu’un remède : libérer la parole.
« Aujourd’hui pour qualifier le viol par inceste il faut établir qu’il y a eu « violence, menace, contrainte ou surprise » même si la victime est un enfant de 5 , 6, 8 ans, ! Changeons la loi, pénalisons l’inceste pour mettre un terme à ce scandale, aucun enfant ne peut consentir. »
Le Collectif Féministe Contre le Viol lance dès le 28 janvier 2014 une campagne de sensibilisation et de prévention grand public sur les violences sexuelles à l’encontre des enfants, campagne conçue et réalisée bénévolement par l’agence PARIS en australie, axée plus précisément sur le sujet encore tabou qu’est l’inceste.
Le 6 novembre 2013, la Cour de Cassation statue pour la première fois en France sur « la suspension de la prescription en matière de viol, en raison d’une amnésie de la victime ». La plus haute instance judiciaire, examinera le cas d’une femme de 41 ans, violée par un cousin par alliance lorsqu’elle avait 5 ans.
Le 26 janvier 2010, l’Assemblée nationale a adopté en deuxième lecture, sans modification, la proposition de Loi UMP de Mme Fort Marie-Louise, inscrivant l’inceste sur mineur dans le code pénal, que le Sénat avait modifié en première lecture le 30 juin 2009. Il s’agit d’un réel pas en avant dans la reconnaissance de ce délit à part entière, destiné à une meilleure reconstruction de la victime.
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