Enquête catamnestique de 55 expertises médico-judiciaires après viols incestueux
Fiche mise à jour le 6 décembre 2018
En bref
Description
Enquête catamnestique de 55 expertises médico-judiciaires après viols incestueux
Titre traduit :anglais: Long-term outcome of incestuous rape in childhood (issues of 55 legal expert appraisal)
Résumé :La révélation des relations incestueuses et la condamnation des coupables sont maintenant effectives depuis plusieurs années. Il nous est donc paru possible dˈétudier le devenir des victimes à distance du procès. Dans ce but, nous avons proposé une consultation à 55 jeunes filles victimes dˈinceste pendant lˈenfance et qui avaient été lˈobjet dˈune expertise médico-psychologique au cours de lˈinstruction. Treize dˈentre elles seulement (soit 14 de la population concernée) ont pu se présenter à cette évaluation. Une seule avait bénéficié dˈune aide psychothérapique dès la révélation des faits. Cinq autres en avaient bénéficié après le procès, cˈest à dire plus dˈun an après la révélation. Les symptômes les plus souvent observés trois à huit ans après lˈexpertise sont des troubles anxieux, une humeur dépressive avec perte dˈestime de soi, des plaintes somatiques et une dysfonction sexuelle. Lˈefficacité de la psychothérapie a semblé bonne sur la culpabilité et lˈanxiété mais plutôt faible sur la tristesse et les troubles sexuels. Nous voudrions attirer lˈattention sur les difficultés psychiques rencontrées par les fillettes lors de la révélation du crime. Tout dˈabord, elles éprouvent des sentiments ambivalents pour leur père ou beau-père qui était le plus souvent un « bon-travailleur-bon-père-de-famille ». Ensuite, elles ont à affronter les sarcasmes de certains membres de leur famille qui leur reprochent, plutôt quˈà lˈaccusé, la dislocation de la famille et les conséquences financières de lˈemprisonnement du père. Ces éléments sont une des sources majeures du sentiment de culpabilité quˈéprouvent ultérieurement les victimes. Outre la prise en compte des répercussions matérielles de lˈincarcération de lˈagresseur, un travail psychothérapique auprès de la mère et de la fratrie semble indispensable pour éviter la mise en question de celle qui semble être à lˈorigine de la révélation. Dans notre enquête, aucune mère ni aucun membre de la fratrie nˈavait reçu de soutien psychothérapique contrairement à certains violeurs qui avaient commencé à bénéficier dˈun travail individuel ou de groupe.
Mots-clés libres (EN) :Conséquences familiales, Evolution, Expertise, Inceste, Victime, Viol