
Parler de violence sans faire violence ?
Fiche mise à jour le 10 février 2022
En bref
Description
Échos de la violence
Titre traduit :anglais: Talking about violence without doing violence?
Texte d'introduction :C’était un soir de 2006. Ma grand-mère repassait des torchons et les pliait bien au carré. On était dans la cuisine, toutes les deux. Je voulais qu’elle m’écoute, c’est tout. À deux reprises, j’ai dit « viol », et chaque fois, elle a posé le fer, soupiré, ouvert la bouche pour dire quelque chose qui ne sortait pas. La troisième fois, j’ai dit « viol », puis « pénétration digitale », puis « doigts dans mon vagin ». Elle a explosé, jeté le fer sur la planche en lâchant d’une voix aigre et rauque à la fois « Oh ! Et puis tu nous emmerdes avec tes histoires, t’as qu’à oublier ! » J’ai suffoqué. Je voulais juste que quelqu’un m’écoute. Mais d’une façon ou d’une autre, ils m’ont tous répondu la même chose : « Ferme ta gueule. Tais-toi, cache-toi. Tes mots nous insupportent [plus que ce que tu dis]. » J’ai rêvé que je les butais tous, à commencer par ma mère. Je lui crevais les yeux, j’écrabouillais son visage au marteau. Mais à la fin, c’est toujours moi qui étais démembrée, sur une table de dissection. Ils étaient tous autour de moi, ils me regardaient paisiblement, comme si de rien n’était.
Mots clés SantéPsy :