Écrire l’inceste en « contre-fiction » et en paradoxes : The Bluest Eye de Toni Morisson
Fiche mise à jour le 14 mai 2021
En bref
Description
Premier roman du Prix Nobel de Littérature Toni Morrison, The Bluest Eye (L’œil le plus bleu) est paru en 1970 aux États-Unis, soit quelques années après la fin de la ségrégation raciale et l’obtention progressive des droits civiques par les Africains américains. Il relate l’histoire de Pecola Breedlove, une fillette noire vulnérable, qui, victime des viols incestueux de son père, sombre dans la folie et croit qu’elle a les yeux bleus dont elle rêvait. Si le titre de ce récit ne réfère pas au drame de l’inceste mais à celui de l’aliénation, c’est que l’inceste, central dans l’œuvre, y apparaît paradoxalement comme voilé. L’écrivaine n’a commenté ce thème ni dans ses entretiens ni dans les paratextes ajoutés aux éditions de 1993 et de 1998. Pourtant, le premier viol subi par Pecola est narré en détail et ce, selon le point de vue du père agresseur. Cet article examine les paradoxes de l’écriture de ce roman et explique son importance historique en termes d’histoire littéraire et d’histoire des représentations. La variation des points de vue et l’inscription d’un double silence – celui du personnage de Pecola et celui de l’auteur sur l’inceste – contribuent à réécrire le thème tabou de l’inceste à travers une « contre-fiction » qui constitue un effort sans précédent pour dévoiler à la fois le drame de l’inceste et celui du racisme.
Sommaire :- L’inceste sous le voile : du tabou sexuel au tabou du racisme et inversement
- Sculpter un silence tout en le brisant : The Bluest Eye, contre-fiction inédite de l’inceste
Littérature, Représentation sociale, Inceste, Histoire, Silence, Racisme
Noms propres :