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Apport de la danse-thérapie dans la prise en charge des victimes d’inceste

Fiche mise à jour le 25 octobre 2024

En bref

Auteurs : Sophie Gallet
Date de publication : 25 octobre 2024
Mentions d'édition : Sous presse

Description

Titre traduit :

anglais: Contribution of Dance Therapy to the Care of Incest Victims

Présentation de l'éditeur :

Objectifs
Les patients victimes d’inceste ont fréquemment des troubles de l’image corporelle. Ma propre expérience de danseuse m’a amenée à formuler une hypothèse : la danse de société pourrait être utile à cette population de patients afin de leur permettre de se réapproprier leurs corps, d’apprendre que celui-ci n’est pas leur ennemi et que le corps de l’autre ne soit pas perçu comme un danger. Pour cela, j’ai voulu retracer l’histoire de la danse-thérapie et faire une revue de la littérature de la danse-thérapie comme thérapie de l’inceste.

Méthodes
La confluence de la danse et de la psychanalyse va permettre l’émergence de la danse-thérapie avec notamment trois grandes figures. Tout d’abord Marian Chace et la Dance Movement Therapy . C’est une danseuse moderne qui va s’apercevoir que ses élèves viennent chercher auprès d’elle bien plus que des cours de danse. Ainsi elle va travailler d’abord bénévolement puis comme membre de l’équipe soignante d’un hôpital psychiatrique. Elle y montre un groupe de travail qui a une telle réussite que les patients eux-mêmes vont vouloir monter un spectacle au sein de l’hôpital, spectacle qui verra le jour. C’était en 1940. Elle sera officiellement la première danse-thérapeute en 1946. Vient ensuite Trudi Schoop, qui va rencontrer Bleuler et travailler essentiellement avec des patients schizophrènes. Elle utilise la danse pour harmoniser l’image corporelle et développer une conscience du corps. Enfin, intervient Rose Gaetner, une française, psychomotricienne de formation, qui va beaucoup axer son travail autour de la danse classique avec les enfants et adolescents. Le côté structurant, le travail en miroir et la quête du beau sont pour elle un moyen de restauration narcissique. Elle introduit par ailleurs un concept très intéressant : le dialogue tonique.

Résultats
Aujourd’hui, la danse-thérapie reste méconnue, surtout en France et ses indications restent à définir précisément, bien que des études aient montré son efficacité tant dans des pathologies somatiques que psychiques. Concernant plus spécifiquement la danse-thérapie comme thérapie de patients victimes d’inceste, une revue de la littérature nous a permis malheureusement de ne trouver que huit études sur le sujet. Les protocoles sont très divers et manquent un peu de solidité. Cependant, toutes ces études tendent à montrer une efficacité de la danse-thérapie auprès de cette population particulière.

Discussion
Il est très intéressant de constater que la danse à toujours fait partie de l’Homme. Dès le paléolithique, nous en retrouvons des traces avec « le sorcier dansant » et il est tout à fait envisageable que ce soit à des fins thérapeutiques. Il s’agissait très probablement de danses de transe, or ces danses ont perduré jusqu’à nos jours que ce soit la Tarentelle napolitaine, les danses bretonnes ou encore le vaudou. On retrouve également les mêmes caractéristiques dans les rave-party. Ces danses ont souvent une vocation de soins notamment psychiques. On peut alors se poser la question de savoir si les rave-party ne répondent pas également à un besoin face à un mal-être sociétal. La danse-thérapie quant à elle est née au cours de la première partie du XXe siècle, pendant l’ère de la psychiatrie asilaire, alors que les premiers psychotropes n’avaient pas encore été découverts et que la psychanalyse venait de naître. Au XIXe siècle, la danse est très codifiée et montrer ses émotions est impudique. La danse veut montrer le beau et la technique est au service de l’esthétique. Deux danseurs vont créer la rupture : Nijinski avec « Le sacre du Printemps » et Isadora Duncan. La danse moderne montre tout, le corps, les émotions et se veut plus proche de son public. À partir de là, la danse ne va cesser d’évoluer avec des courants se rapprochant des danses dites « primitives » par exemple. Au même moment, la psychanalyse éclot avec bien évidemment en premier lieu, Freud et sa théorie du Moi. Pour lui, le Moi n’est pas totalement séparé du corps, puisque pour lui il existe une sorte de « Moi corporel » « dérivé des sensations corporelles ». Adler quant à lui prônait l’indivisibilité de l’Homme, autrement dit, esprit et corps ne peuvent être séparés. Enfin Jung décrivait « l’imagination active », une méthode d’introspection par laquelle l’individu plonge volontairement dans son imaginaire pour accéder à son inconscient. Le mouvement étant une expression de l’inconscient, permettre un mouvement venu de l’imagination, c’est accéder à l’inconscient.

Conclusion
La danse-thérapie est née au milieu du XXe siècle de la confluence de la psychanalyse et de la danse moderne, pour évoluer en différents courants. Trop peu d’études ont été menées sur la pratique de la danse-thérapie chez les patients victimes d’inceste bien que cela semble présenter un intérêt thérapeutique. Aussi paraît-il nécessaire de mener d’autres études.

Sommaire :

  • Histoire de la danse-thérapie
  • La danse
  • La psychanalyse
  • Trois grands courants
    • La Dance Movement Therapy de Marian Chace (1896–1970)
    • La danse-thérapie « expressionniste » de Trudi Schoop (1903–1999)
    • La danse-thérapie pour les enfants de Rose Gaetner (1925–2011)
  • La danse-thérapie aujourd’hui
  • La danse-thérapie comme thérapie du psychotraumatisme et de l’inceste

Mots clés SantéPsy :

Danse, Prise en charge, Victime, Psychanalyse, Traumatisme psychique, Inceste, Corps, Psychothérapie corporelle, Image du corps, Image de soi, Histoire

Détails

Langue : français
Numéro de fiche : 1407
Type de fiche : Article de périodique
Création : 25/10/2024
Dernière modification : 25/10/2024
Statut : Publié