Sébastien Boueilh succède au juge Édouard Durand à la co-présidence de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise).

Le gouvernement a annoncé le 11 décembre, en fin de journée, que la Ciivise (Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) allait poursuivre son travail tout en élargissant ses missions. 

« Après trois ans de travail (…), il est essentiel de maintenir l’élan créé contre les violences sexuelles subies par les enfants », a commenté la secrétaire d’Etat à l’enfance, Charlotte Caubel, dans une déclaration transmise à l’AFP.

En l’espace de deux ans, la commission a recueilli près de 30 000 témoignages et rendu au gouvernement un rapport de 82 recommandations.

En 2024, la nouvelle Ciivise sera co-présidée par l'ex-rugbyman Sébastien Boueilh, président de l'association Colosse aux pieds d'argile et lui-même été abusé sexuellement dans son enfance. « Je m'engage à assurer une continuité et à entrer dans une phase opérationnelle », indique-t-il. A ses côtés, Caroline Rey-Salmon, la médecin légiste et pédiatre qui a ouvert les urgences médico-judiciaires pour mineurs de l'Hôtel-Dieu à Paris (AP-HP).

Édouard Durand est donc écarté malgré le fort soutien des associations. L'ancien juge des enfants a fait savoir son mécontentement et surtout ses inquiétudes. « Il ne suffit pas de dire que la Ciivise est maintenue, déclare-t-il sur X (ex-Twitter). « Dans la communication du Gouvernement, il n'y a pas un mot pour les femmes et les hommes qui ont témoigné à la CIIVISE : leur parole est comptée pour rien. Car le recueil des témoignages et l'élaboration de politiques publiques sont indissociables. Les séparer, ce serait renvoyer à nouveau la parole des victimes dans l'espace du privé. La nouvelle organisation ne donne aucune garantie », poursuit-il.

L'ancien président de la Ciivise réitère ses inquiétudes lors de son passage le 12 décembre sur RMC. Édouard Durand confie qu’il « ignore » pourquoi le gouvernement a décidé de l’écarter. « Il y a sans doute des raisons, je ne les comprends pas bien », explique-t-il dans Apolline Matin. « Personne n’est irremplaçable, mais personne n’est jetable. Tout n’est pas du marché. Les humains ne sont pas des déchets » ; regrette-t-il. Et d’ajouter : « Il y a une chose que je voudrais dire, c’est un silence. Dans le communiqué du gouvernement, il n’y a pas un seul mot pour les personnes qui ont confié leurs témoignages à la Ciivise. Les silences sont éloquents. Les vides sont parfois à envahir tout l’espace. Pas un mot… La Ciivise, ça aura été ça pendant trois ans, un espace de reconnaissance ».

La Ciivise, dans son acte II, se penchera sur la prise en charge des mineurs victimes de prostitution ou de pédocriminalité en ligne, la prise en charge des auteurs de violences sexuelles sur mineurs et la formation des professionnels au contact des enfants « aux gestes les plus protecteurs », détaille le gouvernement.

Charlotte Caubel, la secrétaire d’État chargée de l’Enfance, rendra compte devant le Parlement, en particulier auprès de la délégation aux droits des enfants de l’Assemblée nationale de la mise en œuvre des recommandations de la Ciivise.